Doucet et Jean Rivard le sujet de longues et fréquentes discussions. Que de fois l’horloge du presbytère les avait surpris, au coup de minuit, occupés à rechercher les opinions des théologiens et des grands philosophes chrétiens sur cette question vitale. Les sentiments des deux amis ne différaient toutefois que sur des détails d’une importance secondaire ; ils s’accordaient parfaitement sur la base à donner à l’éducation, sur la nécessité de la rendre aussi relevée et aussi générale que possible, de même que sur l’influence toute puissante qu’elle devait exercer sur les destinées du Canada. L’éducation du peuple, éducation religieuse, saine, forte, nationale, développant à la fois toutes les facultés de l’homme, et faisant de nous, Canadiens, une population pleine de vigueur surtout de vigueur intellectuelle et morale, telle était, aux yeux des deux amis, notre principale planche de salut.
Nous ne saurions mieux faire connaître les principes qui les guidaient, et les conclusions auxquelles ils en étaient arrivés, qu’en reproduisant ici quelques phrases de l’ouvrage de Mgr. Dupanloup sur l’Éducation, ouvrage admirable s’il en fût, et qui devrait se trouver entre les mains de tous ceux qui s’occupent de la chose publique :
« Cultiver, exercer, développer, fortifier, et polir toutes les facultés physiques, intellectuelles, morales et religieuses qui constituent dans l’enfant la nature et la dignité humaine ; donner à ses facultés leur parfaite intégrité ; les établir dans la plénitude de leur puissance et de leur action… telle est l’œuvre, tel est le but de l’Éducation.