Bientôt même, sur la recommandation pressante du missionnaire, des écoles du soir, écoles volontaires et gratuites, s’établirent sur différents points du canton.
Mais cet état de choses devait disparaître avec les progrès matériels de la localité.
Peu de temps après l’érection de Rivardville en municipalité régulière, Jean Rivard, en sa qualité de maire, convoqua une assemblée publique où fut discutée la question de l’éducation. Il s’agissait d’abord de nommer des commissaires chargés de faire opérer la loi et d’établir des écoles suivant le besoin, dans les différentes parties de la paroisse.
Ce fut un beau jour pour Gendreau-le-Plaideux. Jamais il n’avait rêvé un plus magnifique sujet d’opposition,
« Qu’avons-nous besoin, s’écria-t-il aussitôt, qu’avons-nous besoin de commissaires d’école ? On s’en est bien passé jusqu’aujourd’hui, ne peut-on pas s’en passer encore ? Défiez-vous, mes amis, répétait-il, du ton le plus pathétique, défiez-vous de toutes ces nouveautés ; cela coûte de l’argent : c’est encore un piège qui vous est tendu à la suggestion du gouvernement. Une fois des commissaires nommés, on vous taxera sans miséricorde, et si vous ne pouvez pas payer on vendra vos propriétés… »
Ces paroles, prononcées avec force et avec une apparence de conviction, firent sur une partie des auditeurs un effet auquel Jean Rivard ne s’attendait pas.
Pour dissiper cette impression, il dut en appeler au bon sens naturel de l’auditoire, et commencer par faire admettre au père Gendreau lui-même la nécessité incontestable de l’instruction.