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JEAN RIVARD

forgeron s’aidant d’abord de la culture de quelques arpents de terre ; le petit négociant, détaillant pour la commodité des nouveaux colons, la farine, le lard, les pois et des choses moins indispensables, comme pipes, tabac, allumettes, bouts de rubans, et recevant en échange grains de toutes sortes, bois de sciage et de chauffage, cendre à potasse, œufs, volailles, etc., qu’il revendait à son tour dans les villes ou villages voisins.

Les notes suivantes extraites de diverses lettres adressées de temps à autre par Jean Rivard à ses frères ou à ses amis donneront une idée de cette immigration graduelle dans la forêt de Bristol.

« 20 Juillet — Un nouveau colon, Pierre Larose, est arrivé ce matin dans l’intention de s’établir ici. Il se propose de cultiver, et de faire du bardeau. Il prétend pouvoir faire ces deux choses à la fois. Tant mieux. La fabrication de bardeau est une excellente industrie. Nous avons la matière première sous la main, et d’ici à longtemps cet objet de consommation sera en grande demande dans notre localité. Il est même probable qu’on pourrait l’exporter avec avantage. »

« 14 Août. — Un ouvrier, fabricant de meubles, est arrivé hier du district des Trois-Rivières dans le dessein d’acheter un lopin de terre. Il a trois garçons qui grandissent, il veut en faire des cultivateurs. En même temps qu’il défrichera et exploitera son lot de terre, il fabriquera, dans sa boutique, tous les articles d’ameublement qui pourront se vendre ici ou dans les environs, tels que chaises, lits, tables, sofas, etc. Les matériaux ne lui coûtant rien, il prétend pouvoir fabriquer ces objets à bien moins de frais qu’à la