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JEAN RIVARD

À leurs chants se mêlaient le chant du coq, le caquetage des poules, et de temps en temps le beuglement d’une vache ou le jappement d’un chien.

L’odeur des roses et de la mignonnette s’élevait du jardin et parfumait l’espace. Il y avait partout une apparence de calme, de sérénité joyeuse qui réjouissait l’âme et l’élevait vers le ciel. Jamais je n’avais tant aimé la campagne que ce jour-là.

Lorsqu’on est condamné par son état à vivre au sein des villes, entouré des ouvrages des hommes, n’entendant d’autre voix que celle de la vanité et de l’intérêt sordide, ayant pour spectacle habituel l’étourdissante activité des affaires, et qu’on se trouve tout-à-coup transporté au milieu d’une campagne tranquille, on sent son cœur se dilater et son âme s’épanouir, en quelque sorte, au contact de la nature, cet abîme de grandeurs et de mystères.

Revenu un peu de mon extase, je portai mes regards autour de moi.

La demeure de mon hôte me parut ressembler à une villa des environs de la capitale plutôt qu’à une maison de cultivateur. C’était un vaste logement à deux étages, bâti en briques, avec galerie et perron sur la devanture. Une petite allonge à un seul étage, bâtie sur le côté nord, servait de cuisine et de salle à manger pour les gens de la ferme.

Un beau parterre de fleurs et de gazon ornait le devant de la maison, dont chaque pignon était ombragé par un orme magnifique. De l’un des pignons on apercevait le jardin, les arbres fruitiers, les gadeliers, les plate-bandes en fleurs.

Les dépendances consistaient en une laiterie, un hangar, un fournil et une remise pour les voitures.