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ÉCONOMISTE

physique et intellectuel des enfants ! Dans nos grandes cités, l’enfant est presque toute l’année resserré entre quatre murs. Dans la belle saison, il respire l’air vicié et la poussière des rues. Combien il envierait, s’il le savait, le bonheur des enfants de la campagne qui dans tous leurs ébats à travers champs n’aspirent que le parfum des fleurs ou l’odeur des prairies ?

De temps en temps nous entendions la voix gracieuse de quelque jeune fille qui, tout en cousant, filant, ou tricotant, mariait son chant au chant des oiseaux. Vers le soir, mes oreilles furent agréablement frappées par des sons de musique que je pris pour ceux de la flûte et du violon.

« Mais, dis-je à mon hôte, vous ne vous contentez pas d’être artistes agricoles ; je vois que vous avez dans votre paroisse des artistes dans tous les genres ?

« Non, répondit-il, mais nous avons depuis longtemps du chant et de la musique. L’enseignement du chant fait partie du programme de nos écoles de filles et de garçons ; et quant à la musique, mon ami le curé a formé, pour nos grandes solennités religieuses, un corps d’amateurs dont le nombre s’augmente de jour en jour.

« Dans la plupart de nos familles, la musique vocale et instrumentale forme un des plus agréables délassements. Elle repose le corps et l’esprit des fatigues du travail.

« De fait, ajouta Jean Rivard, notre ambition serait de transporter à la campagne tout ce qu’il y a de bon dans la vie de votre monde citadin, en nous gardant avec soin de tout ce qu’on y trouve de mensonger, d’exagéré, d’immoral. Rien de plus facile