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Page:Gérin-Lajoie - Jean Rivard, économiste, 1876.djvu/204

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ÉCONOMISTE

nous prémunir contre ces dangers ? D’ailleurs l’établissement de fabriques au milieu de nos campagnes — et c’est là qu’elles devraient être — seraient loin, il me semble, de présenter les inconvénients qu’on redoute avec tant de raison.

« Le Canada peut être à la fois pays agricole et pays manufacturier.

« Une chose est au moins certaine, c’est que l’établissement de manufactures contribuera puissamment à arrêter l’émigration et l’expatriation de notre belle jeunesse, et à rappeler au milieu de nous ces milliers de travailleurs canadiens dispersés aujourd’hui dans toutes les villes manufacturières de l’Union américaine. »

Tout en parlant ainsi, nous avions fait le tour de la paroisse, et nous entrions dans le village par l’extrémité opposée à celle d’où nous étions partis.

Jean Rivard m’apprit que, outre les moulins, fabriques, fonderie, etc., appartenant à l’association industrielle de Rivardville, on comptait encore dans le village une fabrique d’horloges, une fabrique de cribles et de moulins à battre, cinq forges, une tannerie, six boutiques de charpentier, une de ferblantier, deux charrons, un tailleur, un sellier, un potier, quatre cordonniers, etc. On y comptait aussi deux médecins et deux notaires. Il y avait un grand marché fréquenté non-seulement par les habitants de la paroisse, mais par ceux des paroisses voisines. Les rues étaient spacieuses et bordées de chaque côté d’un large trottoir en bois.[1]

  1. Si quelqu’un était porté à trouver exagéré le progrès de Rivardville depuis sa fondation, nous lui dirions que le village