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JEAN RIVARD

Je fus heureux d’apprendre dans le cours de notre entretien que le système municipal fonctionnait à merveille dans la paroisse de Rivardville.

Notre gouvernement municipal, dit monsieur le curé, s’il est bien compris et bien administré, peut, tout en développant et exerçant le bon sens politique et l’esprit de gouvernement chez notre population, devenir la sauvegarde de ce que nous avons de plus cher. Chaque paroisse peut former une petite république où non-seulement les ressources naturelles et matérielles, mais aussi les ressources morales du pays seront exploitées dans l’intérêt de notre future existence comme peuple. La paroisse sera notre château fort. Quand même toute autre ressource nous ferait défaut, il me semble que nous trouverions là un rempart inexpugnable contre les agressions du dehors.

« Oh ! prions Dieu, ajouta-t-il d’un ton pénétré, prions Dieu que la gangrène ne s’introduise pas dans notre corps politique. Nous jouissons de toute la liberté désirable ; mais combien il est à craindre que la corruption, la vénalité, la démoralisation ne détruisent les avantages que nous pourrions retirer de notre excellente forme de gouvernement ! Déjà l’on semble oublier que les principes sont tout aussi nécessaires dans la vie publique que dans la vie privée, et l’on sacrifie de gaîté de cœur les intérêts de la morale à ceux de l’esprit de parti. C’est à la presse, c’est aux hommes éclairés qui dirigent l’opinion à opposer sans délai une digue infranchissable à ce torrent dévastateur de l’immoralité qui menace d’engloutir nos libertés politiques. »

La conversation de monsieur le curé m’intéres-