dans l’hôtel où je prends ma pension. Elle portait encore son costume d’élève qui lui faisait à ravir. Elle peut avoir de dix-sept à dix-huit ans. C’est une brunette. Ses traits sont réguliers et sa figure a quelque chose de mélancolique qui provoque la sympathie. Sa beauté n’a rien d’éclatant ; mais je n’ai jamais vu de plus beaux yeux que les siens. Elle ne paraissait pas savoir qu’elle était belle. Son maintien, sa voix, ses paroles, rien ne décelait chez elle la moindre affectation. Elle n’était pas même timide, tant elle était simple et candide. En causant avec elle, je m’aperçus qu’elle possédait une intelligence remarquable ; je la fis parler sur les diverses études qu’elle a cultivées au couvent. J’ai été surpris de l’étendue et de la variété des connaissances qu’on inculque aux élèves de ces institutions. Quel charme on éprouve dans la conversation d’une femme instruite, qui n’a pas l’air de le savoir !
Nous avons parlé ensemble littérature, poésie, histoire, botanique, beaux arts ; elle parle de tout avec aisance et sans la moindre pédanterie. Elle avait sous la main un volume de Turquely et les Matinées Littéraires de Mennechet qu’elle paraissait savoir par cœur. L’histoire du Canada, celles de France, d’Italie, de la Terre Sainte et des autres principaux pays du monde, semblent lui être familières ; elle a jusqu’à des notions de physique et d’astronomie. À l’en croire pourtant, elle ne sait que ce que savent la plupart de ses amies de couvent. D’où vient donc, lui disais-je, que parmi les jeunes personnes qui fréquentent la société, on en rencontre si peu qui savent parler autre chose que modes, bals ou soirées ? Il faut croire, répondit-elle naïvement, que les frivo-