dans cette direction et menaçaient d’incendier l’édifice. Il y eut un cri d’horreur. Ce ne fut qu’en inondant la toiture qu’on parvint à conjurer le danger.
Au milieu de toute cette confusion, Jean Rivard fut peut-être le seul qui ne perdit pas son sang-froid. En observant la marche du feu, il calcula qu’il ne dépasserait pas la petite rivière qui traversait son lot, et dont les bords se trouvaient complètement déboisés. Ses calculs cependant ne se vérifièrent qu’en partie : car les moulins et l’établissement de perlasse, possédés moitié par lui, moitié par ses frères, et bâtis sur la rivière même, devinrent la proie de l’élément destructeur. Mais là s’arrêta sa fureur. Les flammes cherchant en vain de tous côtés les aliments nécessaires à leur faim dévorante, s’évanouirent peu à peu et semblèrent rentrer dans la terre d’où elles étaient sorties.
Toutes les maisons bâties au sud de la rivière, au nombre desquelles étaient celles de Jean Rivard et de Pierre Gagnon furent ainsi épargnées.
Tous ceux qui assistaient à ce spectacle, restèrent assez longtemps comme suffoqués par la fumée ; mais le danger était passé. À part les bâtiments dont on vient de parler, plusieurs granges avaient été détruites, ainsi qu’une douzaine de cabanes de défricheurs bâties au bord de la clairière. Mais le plus grand dommage consistait dans la destruction des champs de grains nouvellement ensemencés, dont les tiges encore en herbe étaient brûlées ou séchées sur le sol. Un certain nombre de colons perdirent ainsi leur récolte et se trouvèrent absolument sans ressource.