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JEAN RIVARD

ce n’est pas à cause de lui ; il a dû tout oublier, à la vue des misères qui s’offraient à ses yeux. Sensible, généreux, désintéressé, tel il a toujours été, tel il est encore. Avec deux hommes comme Jean Rivard et son ami Doucet, le digne curé de Rivardville (soit dit sans vouloir blesser la modestie de ce dernier) je ne doute pas que le canton de Bristol ne répare promptement l’échec qu’il vient d’essuyer.

« Je connais assez l’énergie de Jean Rivard pour être sûr que ce contretemps, loin de l’abattre, ne fera que développer en lui de nouvelles ressources.

« Le voilà déjà, d’après ce que tu me dis, revêtu de toutes les charges d’honneur, et en voie d’exercer la plus grande influence sur ses concitoyens. Quel beau rôle pour un cœur patriote comme le sien !

« Je lui écris aujourd’hui même pour lui exprimer toute ma sympathie.

« Répondons maintenant aux questions que tu me poses, puisque tu veux bien que je t’occupe de ma chétive individualité.

« Tu sembles étonné de me voir exercer la profession d’avocat. J’en suis quelquefois étonné moi-même. Rien n’est aussi incompatible avec mon caractère que les contestations et les chicanes dont l’avocat se fait un moyen d’existence. Si j’étais riche, je ne demanderais pas mieux que d’exercer gratuitement les fonctions de conciliateur ; je sais qu’avec un peu de bonne volonté, on pourrait, dans beaucoup de circonstances, engager les parties contestantes à en venir à un compromis. Ces fonctions me plairaient assez, car j’aime l’étude de la loi. Ce qui m’ennuie souverainement, c’est la routine des affaires, ce sont les mille et une règles établies pour instruire et dé-