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JEAN RIVARD

Mais avant d’aller plus loin nous avons deux faveurs à demander au lecteur : la première, c’est de n’être pas trop particulier sur les dates, et de nous permettre de temps à autre quelques anachronismes ; il ne serait guère possible, dans un récit de ce genre, de suivre fidèlement l’ordre des temps, et de mettre chaque événement à sa place. Ce que nous demandons ensuite, c’est qu’on n’exige pas de nous des détails minutieux. L’histoire d’une paroisse, à compter de l’époque de sa fondation, les travaux qu’elle nécessite, les embarras qu’elle rencontre, les revers qu’elle essuie, les institutions qu’elle adopte, les lois qu’elle établit, tout cela forme un sujet si vaste, si fécond, qu’on ne saurait songer à en faire une étude complète. Nous devons nous rappeler aussi ce qu’a dit un poète, que l’art d’ennuyer est l’art de tout dire, et nous borner aux traits les plus saillants de la vie et de l’œuvre de notre héros.

Nous profiterons de suite de la première de ces faveurs pour rapporter un fait qui aurait dû sans doute être mentionné plus tôt : nous voulons parler de l’établissement d’un bureau de poste au village de Rivardville. C’est en partie à cet événement que nous devons les communications plus fréquentes et plus longues échangées entre Jean Rivard et ses amis.

L’établissement d’un bureau de poste était au nombre des améliorations publiques réclamées avec instances par Jean Rivard et ses amis. Durant les trois premières années qui suivirent son mariage, pas moins de quatre requêtes, signées par tous les notables du canton, depuis le curé jusqu’au père Gendreau, avaient été adressées à cet effet au dé-