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Page:Gérin-Lajoie - Jean Rivard, le défricheur, 1874.djvu/108

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LE DÉFRICHEUR

Gagnon raconta à sa façon, pour l’amusement de ses voisins, les histoires de Robinson Crusoé, de Don Quichotte et de Napoléon qui l’avaient tant intéressé lui-même durant les longues soirées de l’hiver précédent. Sa mémoire le servait si bien, sa manière de conter était si pittoresque, si originale qu’on l’écoutait toujours avec plaisir.

Pour l’attirer à la maison, la mère Landry avait coutume de lui dire :

« Pierre, si vous continuez à venir nous voir comme ça, je finirai par vous donner ma fille Henriette.

— Ça n’est pas de refus, répondait joyeusement Pierre Gagnon, en faisant un clin-d’œil à la grosse Henriette qui partait aussi d’un éclat de rire.

On le voyait toujours à regret reprendre le chemin de Louiseville, et pendant une heure encore on s’amusait à répéter ses drôleries.

Si dans la famille du colon, le courage et la persévérance sont les principales qualités de l’homme, il n’est pas moins important que la gaîté soit la compagne constante de la femme.

Sans ces deux conditions, l’existence du défricheur n’est qu’ennui, misère et pauvreté.


XVI.

une aventure.


Mais avant de passer plus loin, disons une aventure qui fit époque dans la vie de Jean Rivard, et que lui-même encore aujourd’hui ne peut raconter sans émotion.