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LE DÉFRICHEUR

Cette fois Jean Rivard trouva deux lettres à son adresse au bureau de poste de Lacasseville. La suscription de la plus petite était d’une écriture en pattes de mouche qu’il reconnut sans peine et dont la seule vue produisit sur sa figure un épanouissement de bonheur. La seconde, plus volumineuse, était de son ami et correspondant ordinaire, Gustave Charmenil.

Toutes deux l’intéressaient vivement, mais la première étant plus courte, c’est elle qui dut avoir la préférence. Nous n’en citerons que les lignes suivantes :

« Merci, mon bon ami, du joli cœur de sucre que vous m’avez envoyé. Il avait l’air si bon que j’ai été presque tentée de le manger. Mais, manger votre cœur ! ce serait cruel, n’est-ce pas ? C’est pour le coup que vous auriez eu raison de bouder. Je l’ai donc serré soigneusement dans ma petite armoire, et je le regarde de temps en temps pour voir s’il est toujours le même. La dernière fois que je l’ai vu il paraissait bien dur ! S’il ne s’amollit pas, je pourrais bien lui faire un mauvais parti : je n’aime pas les cœurs durs… »

Le reste de la lettre se composait de petites nouvelles de Grandpré, qui n’auraient aucun intérêt pour les lecteurs.

La lettre de Gustave Charmenil n’était pas tout à fait aussi gaie, comme on va le voir.

Quatrième lettre de Gustave Charmenil.

« Mon cher ami,

« Tu ne saurais croire combien ta dernière lettre m’a soulagé ! Je l’ai lue et relue, pour me donner du