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LE DÉFRICHEUR.

à ce dessert c’est que chaque terrinée était couverte d’une couche de sucre d’érable, assaisonnement qui ne déplaît pas à la plupart des goûts canadiens.

Dans la soirée, les jeunes gens s’amusèrent à tirer à poudre sur le bouquet de la bâtisse ; et Pierre Gagnon chanta son répertoire de chansons.

Une question assez délicate se présenta dans le cours de cette soirée. Jean Rivard eût bien voulu offrir à ses nombreux voisins, en les remerciant de leurs bons services, quelque autre rafraîchissement que l’eau de la rivière de Louiseville ou le lait de la Caille ; il s’était même procuré, à cette intention, quelques gallons de whisky, destinés à être bus au succès et à la prospérité de la nouvelle colonie. Mais le père Landry, qui avait plus d’expérience que Jean Rivard, et qui craignait pour ses grands garçons le goût de cette liqueur traîtresse, lui représenta avec tant de force et de conviction les maux de toutes sortes, les malheurs, les crimes, la pauvreté, les maladies engendrées par la boisson ; il lui exposa avec tant de sens et de raison le mauvais effet que produirait sur tous les habitants du canton l’exemple donné ainsi par celui qui en était considéré comme le chef, que Jean Rivard finit par se laisser convaincre, et dès le lendemain les deux cruches de whisky repartirent pour Lacasseville.

Un menuisier et un maçon furent employés pendant une quinzaine de jours à compléter l’intérieur de la maison.


Rien de plus simple que le plan de la demeure de Jean Rivard.