Page:Gérin-Lajoie - Jean Rivard, le défricheur, 1874.djvu/193

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
188
JEAN RIVARD

penses devant nécessairement résulter de son prochain mariage.

Disons tout de suite, à la peine d’anticiper encore sur les événements, que les opérations du battage et du vannage furent cette année de beaucoup simplifiées.

Grâce toujours au nouveau chemin, le père Landry avait pu aller chercher son moulin à battre laissé jusque-là à Grandpré, et ce moulin servit à tour de rôle à toute la population du Canton de Bristol. En quelques jours, tout le grain de Jean Rivard fut battu, vanné, et une grande partie expédiée chez le marchand.

Quelle bénédiction que cette machine à battre ! quel travail long, fatiguant, ennuyeux, malsain, elle épargne au cultivateur ! Et pour celui qui, comme Jean Rivard, sait employer utilement chaque heure


    « Missionnaire depuis cinq ans dans les Augmentations de Kildare et le township de Cathcart, formant la paroisse du Bienheureux-Alphonse, tout à fait au nord du comté de Joliette, j’ai fait tout en mon pouvoir pour favoriser la colonisation dans cette mission. Je me suis appliqué à connaître quels moyens pécuniaires avaient ceux qui sont autrefois venus s’établir dans ce township. J’ai vu ouvrir et agrandir les terres de chaque colon, et j’ai été surpris de l’augmentation de leurs revenus et par conséquent des richesses des habitants.

    « Il y a dans cette mission, près de 200 propriétaires résidents, Canadiens et Irlandais. Presque tous les lots du township Cathcart sont occupés ; les six premiers rangs le sont tous, et il y a des habitants jusqu’au 10e rang. Il n’y avait personne résidant dans ce township, il y a 17 à 18 ans. Tous les colons qui y sont venus s’établir étaient dans la plus grande pauvreté, dénués de tout, manquant même bien souvent des choses les plus nécessaires à la vie, et plusieurs d’entr’eux chargés de dettes.

    « C’étaient pour la plupart de bons pères de familles qui, étant obligés de gagner leur vie et celles de leurs enfants, chez les cultivateurs des anciennes et vieilles paroisses, n’ayant aucune espérance d’établir près d’eux leurs enfants, craignant au contraire