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JEAN RIVARD

Sortis de la sacristie, les deux fiancés, devenus mari et femme, montèrent dans la même voiture, et prirent les devants, leurs pères respectifs occupant cette fois la calèche de derrière.

Il y avait dans le carillon des cloches, dans la propreté coquette des voitures, des chevaux et des attelages, dans les paroles, la tenue, la parure et les manières de toutes les gens de la noce un air de gaîté difficile à décrire.

Si quelque lecteur ou lectrice désirait obtenir de plus amples renseignements sur la toilette de la mariée et celle de sa fille d’honneur, je serais obligé de confesser mon ignorance ; toutefois à en juger d’après ce qui se pratiquait alors en pareille circonstance dans la classe agricole, je pourrais affirmer sans crainte que l’habillement complet de Mademoiselle Routier, qui était mise à ravir, ne coûtait pas cent francs, et celui de sa suivante encore moins. Cette question d’ailleurs, toute importante qu’elle fût à leurs yeux, (auraient-elles été femmes sans cela ?) ne les avait nullement empêchées de dormir.

Et les cadeaux de noces, cause d’insomnies et de palpitations de cœur chez la jeune citadine, sujet inépuisable de conversation, d’orgueil et d’admiration, à peine en fut-il question dans la famille Routier, ce qui pourtant ne nuisit en rien, j’en suis sûr, au bonheur futur du jeune ménage.

De retour chez Monsieur Routier, — car c’est là que devait se passer le premier jour des noces, — le jeune couple dut, suivant l’usage, embrasser l’un après l’autre tous les invités de la noce, à commencer par les pères, mères, frères, sœurs, et autres proches parents. Près de deux cents baisers furent ainsi dépen-