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Page:Gérin-Lajoie - Jean Rivard, le défricheur, 1874.djvu/40

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LE DÉFRICHEUR.

bravoure militaire, cette valeur fougueuse qui se manifeste de temps à autre en présence de l’ennemi, sur un champ de bataille, est bien au-dessous, à mon avis, de ce courage calme et froid, de ce courage de tous les instants qui n’a pour stimulants ni les honneurs, ni les dignités, ni la gloire humaine, mais le seul sentiment du devoir et la noble ambition de bien faire.

Jean Rivard n’eut pas à regretter de s’être chargé de son fusil. Tout en accomplissant son trajet à travers les bois, pas moins de trois belles perdrix grises vinrent grossir son sac de provisions de bouche.

Le soir même, au coucher du soleil, les deux voyageurs étaient rendus à leur gite, sur la propriété de Jean Rivard, au beau milieu du Canton de Bristol.

Ce fut le 15 octobre 1843 que Jean Rivard coucha pour la première fois dans son humble cabane.

Nos voyageurs n’eurent pas besoin cette fois d’un coucher moelleux pour goûter les douceurs du sommeil. Étendus sur un lit de branches de sapin, la tête appuyée sur leurs sacs de voyage, et les pieds tournés vers un petit feu que Pierre Gagnon avait eu le soin d’allumer, tous deux reposèrent comme des bienheureux.

Quand Jean Rivard ouvrit les yeux le lendemain matin, Pierre Gagnon était déjà debout. Il avait trouvé le tour d’improviser, avec le seul secours de sa hache, d’une petite tarière et de son couteau, une espèce de table et des sièges temporaires ; et quand son maître fut levé, il l’invita gaiement à déjeuner. Mais puisque nous en sommes sur Pierre Gagnon,