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JEAN RIVARD

On y voyait l’orme blanc si remarquable par l’ombrage protecteur qu’il offre au travailleur. À une vingtaine de pieds du tronc, quatre ou cinq rameaux s’élancent en divergeant jusqu’à une hauteur de soixante à soixante-dix pieds, et là s’arrêtent pour se pencher vers la terre, formant avec leur riche feuillage un immense parasol. Quelques-uns de ces arbres s’élèvent à une hauteur de cent pieds. Isolés, ils apparaissent dans toute leur grandeur, et ce sont sans contredit les arbres les plus magnifiques de la forêt.

On y voyait aussi le frêne blanc, si remarquable par sa blanche écorce, la beauté de son feuillage, et l’excellente qualité de son bois qui sert à une multitude d’usage, — le hêtre à l’écorce grisâtre, que la foudre ne frappe jamais et dont les branches offrent aussi par leur gracieux feuillage et leur attitude horizontale, un abri recherché, — le tilleul ou bois blanc qui croît à une hauteur de plus de quatre-vingt pieds, et sert à la fabrication d’un grand nombre d’objets utiles, — le merisier à l’écorce aromatique, et dont le bois égale en beauté l’acajou, — le sapin, au feuillage toujours vert, qui s’élève vers le ciel en forme pyramidale, — et enfin le pin, qui s’élance jusqu’à cent cinquante pieds, et que sa forme gigantesque a fait surnommer le Roi de la Forêt. Ces deux derniers cependant ne se trouvaient qu’en très petit nombre sur la propriété de Jean Rivard. Nous parlerons plus loin d’un magnifique bosquet d’érables situé à quelque distance de son habitation.

On avouera qu’il fallait, sinon du courage, au moins de bons bras pour s’attaquer à ces géants de la forêt, qui ne succombaient qu’avec lenteur sous les coups répétés de la hache. Nos bûcherons commen-