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LE DÉFRICHEUR.

telligence, il était d’une propreté si exquise, et paraissait si beau, quand s’asseyant sur ses pieds de derrière il relevait sa queue vers sa tête, que Pierre Gagnon passait des heures à l’admirer, à jouer avec lui, à caresser son pelage soyeux. S’il arrivait que le petit animal fût moins gai, moins turbulent qu’à l’ordinaire, ou qu’il refusât de manger, notre homme en concevait la plus vive inquiétude et n’avait de repos que lorsqu’il le voyait reprendre sa vivacité accoutumée.

Les jeux animés du petit prisonnier intéressaient aussi Jean Rivard et lui apportaient de temps en temps des distractions dont il avait besoin. Il était d’ailleurs aussi familier avec le maître qu’avec le serviteur et sautait sans façon des épaules de l’un sur la tête de l’autre. Si Pierre Gagnon avait pu écrire, il eût composé un volume sur les faits et gestes de son petit ami.

Mais en parlant des distractions de nos défricheurs il en est une que je ne dois pas omettre. Jean Rivard avait apporté avec lui quatre volumes : c’étaient d’abord la petite Imitation de Jésus-Christ, présent de sa Louise, puis les Aventures de Don Quichotte de la Manche, celles de Robinson Crusoé, et une Histoire populaire de Napoléon qu’il avait eue en prix au collége. Ces livres ne contribuèrent pas peu à égayer les loisirs de nos anachorètes. On peut même dire qu’ils servirent en quelque sorte à relever leurs esprits et à ranimer leur courage.

L’Imitation de Jésus-Christ était le livre des dimanches et des fêtes. Les trois autres volumes servaient aux lectures de la semaine.

Les histoires merveilleuses de Robinson Crusoé,