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Page:G. Scudéry - Arminius ou les Frères ennemis - 1644.djvu/104

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TRAGI-COMÉDIE.
Un juste repentir, suivrait-il votre crime ?
Auriez-vous dans le cœur, un remords légitime ?
Mon frère, (mais ce nom m’est-il encore permis,
Et puis-je avoir un frère, entre mes ennemis ?)
Mon frère, au nom des dieux, si vous oyez ma plainte,
Répondez à ma voix, mais répondez sans feinte
Quel sujet aviez-vous, de me vouloir haïr,
Et qui vous obligeait à me vouloir trahir ?
FLAVIAN.
L’amour ; c’est ma raison ; je n’en cherche point d’autre :
Pour juger de mon cœur, examinez le vôtre
Vous aimez ce que j’aime, et vous n’ignorez pas,
L’inévitable effet de ses divins appas.
Je pêche par contrainte, et si je suis rebelle,
La cause de mon crime, à vos yeux même est belle ;
Et comme votre esprit se trouve au même point,
Plaignez-vous du destin, ou ne vous plaignez point.
ARMINIUS.
Je me plaindrai plutôt d’un traitement si rude ;
Je me plaindrai plutôt de votre ingratitude ;
Je me plaindrai plutôt d’un manquement de foi,
Et de la cruauté que vous avez pour moi.
Soit que je me regarde, ou bien notre province,
Vous m’offensez en frère, et plus encore en prince ;