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Page:G. Scudéry - Arminius ou les Frères ennemis - 1644.djvu/113

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ARMINIUS,
Et ne permettez pas que le vainqueur d’Auguste,
Cède à sa passion, encore qu’elle soit juste.
Ha seigneur, triomphez, mais triomphez de vous ;
Écoutez la pitié, plutôt que le courroux ;
Faites voir en votre âme, aux yeux même de Rome,
La clémence d’un dieu, non la rigueur d’un homme.
Ici tout l’univers, sur vous tourne les yeux ;
Punir est aux bourreaux, et pardonner aux dieux.
Suivez, et le plus doux, et le plus grand exemple ;
Soyez comme les dieux, pour mériter un temple ;
Et bien qu’à l’infini, son crime soit monté,
Veuillez le surpasser, mais par votre bonté.
Enfin sauvez un frère, ou perdez Segimire ;
Suivez absolument, ou la clémence, ou l’ire ;
Son sort et mon destin, tout est en votre main ;
Mais le ciel vous regarde, et tout le camp romain
Sauvez, sauvez sa vie, ou que la mienne cesse.
ARMINIUS.

Il lui rend son épée.

Je vous donne sa vie, adorable princesse.
SEGIMIRE.
Que je baise vos pas !
FLAVIAN.
Que je baise vos pas !ô suprême bonté,

Il dit ceci à demi-bas.

Tu changes ma fortune, avec ma volonté !