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ARMINIUS,
Je ne puis oublier qu’il est encore mon frère.
Comme je suis sans haine, il est sans amitié,
Mais c’est aux criminels, qu’on doit de la pitié ;
Ayez-en donc seigneur.
FLAVIAN.

Il dit ceci à demi-bas.

Ayez-en donc seigneur.ingrat, rougis de honte !
SEGIMIRE.
Surmontez-vous seigneur, vous que rien ne surmonte
Je n’ai point offensé, ne me punissez pas ;
Et songez que sa mort, causerait mon trépas.
Oui seigneur, mon destin, dépend de ses années ;
Nous aurons même tombe, et mêmes destinées ;
Et si votre justice, écoute la rigueur,
En attaquant sa vie, on attaque mon cœur.
Soyez, soyez clément, de crainte d’être injuste ;
Imitez, imitez, la clémence d’Auguste.
Par là, vous paraîtrez de son illustre sang ;
Ayez en la douceur, aussi bien que le rang ;

Elle montre Flavian de la main.

Et pour mieux maintenir l’autorité qu’il blesse,
N’ayez pas sa fureur, ou plutôt sa faiblesse ;
Faites qu’une pitié vous désarme la main,
Digne de la grandeur d’un empereur romain.
FLAVIAN.

Il dit ceci à demi-bas.

Ô bonté sans exemple !