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ARMINIUS,
Je viens dans votre Camp, j’irais dans les Enfers,
Pour retirer mon cœur et ma femme des fers :
Et puis, votre vertu que tout le monde estime,
Autorise ma faute, et la rend légitime.
Je suis dans votre Camp, comme en mes Pavillons ;
J’y suis plus sûrement, qu’entre nos Bataillons ;
Vous donnez une foi sans fraude et sans contrainte ;
Et mon cœur la reçoit sans faiblesse et sans crainte.
Nous sommes gens d’honneur, aussi bien qu’ennemis ;
Nous ne ferons jamais, ce qui n’est point permis ;
Les armes à la main, nous savons nous défendre,
Mais nous ne les prenons, que lors qui les faut prendre :
Combattant pour la gloire, et pour la Nation,
Nous combattons sans fraude, et sans aversion.
Je viens donc sur la foi que vous m’avez donnée,
Dire que de vous seul, dépend ma destinée.
Faites comme les Dieux, mon bon ou mauvais Sort ;
Accordez-moi la vie, ou donnez-moi la mort.
Que si votre bonté veut paraître infinie,
Rompez en ma faveur, les chaînes d’Hercinie
Prenez tous mes trésors, pour ce rare trésor ;

Il montre les pierreries.

Changez utilement, ses fers avec cet or ;
Mais comme des grands cœurs, la gloire est le partage,
Cette illustre rançon vous plaira davantage.

Il montre les Enseignes Romaines.

Ces Aigles que ma main, ou plutôt mon bonheur,
Me fit jadis gagner avec assez d’honneur ;
Ces