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ARMINIUS,
Hélas, si vous voyez dans cette incertitude,
ce que souffre mon cœur en son inquiétude,
Et quel est le supplice, ou la crainte l’a mis,
L’espoir serait un bien qui lui serait permis.
Mais puisque la nature, y met un grand obstacle ;
Puisque pour voir ce cœur, il faudrait un miracle ;
Et qu’il faudrait encor, (vous qui le gouvernez,)
Y porter les regards que vous en détournez ;
Trouvez bon que ce cœur plein de zèle et de flamme,
Se serve de ma voix, pour exciter votre âme ;
Souffrez que Flavian fasse agir cette voix,
Pour vous représenter ce qu’il fut autrefois.
Hélas, s’il vous souvient de l’état de sa gloire ;
Si vous en conservez l’image en la mémoire ;
Pourrez-vous consentir (quoiqu’il puisse arriver)
À l’injuste dessein qui l’en pourrait priver ?
Enfin triompherai-je, en cette illustre guerre ?
Relevez, relevez, ces astres de la terre,
Ces astres que mon cœur veut toujours adorer,
Et faites voir en eux, si je dois espérer.
Ha, je les vois ces yeux pleins d’attraits et de charmes,
Mais je les vois couverts de foudres et de larmes ;
La colère s’y mêle, avec la douleur ;
J’y vois leur inconstance, et j’y vois mon malheur ;
Et sans que votre voix achève ma disgrâce,
Vous avez déjà dit qu’un autre a pris ma place ;
Vous