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ARMINIUS,


Scène VI.

SEGIMIRE, EMILE.
SEGIMIRE.

Et bien, tu vois Émile, ou le ciel m’a réduite ;
Quel fruit ai-je tiré de ta sage conduite ?
Je te l’avais bien dit, que tout cédait au sort,
Et que tout mon espoir consistait en ma mort.
Tu vois que cet ingrat, se moque de mes larmes ;
Tes discours et les miens, sont de trop faibles armes ;
Il surmonte en fuyant, l’ennemi qui se plaint.
EMILE.
Il n’est pas insensible, et puisqu’il fuit, il craint.
Suivez donc un dessein tel que je l’imagine ;
Voyez Germanicus, visitez Agripine ;
J’ai su par un soldat qui me l’a dit ainsi,
Qu’arminius lui-même, est venu jusqu’ici
Offrir une rançon pour sa femme captive,
Otons-la de ces lieux, faisons qu’elle le suive ;
Car lors que Flavian ne la pourra plus voir,
Son cœur désenchanté connaîtra son devoir
Mais tant qu’il la verra, son âme criminelle,