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ARMINIUS,
M’oblige à découvrir que je suis Segimire
Dussé-je suivre un char, je n’en saurais sentir
Si vous y triomphez, le moindre repentir.
AGRIPINE.
Vous êtes Segimire, ô quelle destinée !
SEGIMIRE.
Je ne suis qu’une esclave, et qu’une infortunée ;
Mais si quelque pitié, peut toucher les grands cœurs ;
S’ils en sont surmontés, ces illustres vainqueurs ;
Si connaissant ma peine, on veut qu’on la soulage ;
Si l’on n’approuve point le crime d’un volage ;
Ôtez-lui cet objet qui le charme en ces lieux,
Afin que la raison lui décille les yeux.
Ainsi jamais l’amour, ne mêle aucune épine,
Aux douceurs qu’il départ à l’illustre Agripine ;
Ainsi de mille rois que vous aurez vaincus,
Les sceptres soient aux pieds du grand Germanicus.
GERMANICUS.
Non, non, ne craignez pas que j’approuve le crime ;
J’adore et je défends la vertu qu’on opprime ;
Mais l’intérêt d’état, ce tyran rigoureux,
Est un maître sévère, à tout cœur généreux.
Espérez toutefois, en la bonté céleste,