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TRAGI-COMÉDIE.
Et vous faire connaître, au plus fort du danger,
Qu’on s’oblige soi-même, en daignant m’obliger.
GERMANICUS.
J’appelle en témoignage, et le ciel, et la terre,
Que je songe à la paix, au milieu de la guerre
Et que votre vertu, que chacun doit aimer,
Même dans les combats, me pourrait désarmer.
Mais l’intérêt d’état, et l’humeur de Segeste…
ARMINIUS.
Ha seigneur, c’est assez, je comprends bien le reste.
Ce cruel vous inspire, un cruel sentiment ;
Vous ne me refusez, que par lui seulement ;
Cet esprit dont la haine, est toujours infinie,
À vos rares bontés, mêle sa tyrannie ;
Et sa rage achevant son funeste dessein,
Se sert de votre bras, pour me percer le sein.
Mais seigneur, il importe, à la gloire de Rome,
De ne pas écouter, les conseils de cet homme.
La haine les suggère, et non pas la raison ;
Oui, la haine seigneur, ce dangereux poison ;
Qui d’esprit en esprit, passe, et se communique,
Et forme les tyrans, comme elle est tyrannique.
Faites voir sous vos pieds, ce fier monstre abattu ;
Faites en triomphant, triompher la vertu ;