Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/474

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— Ah ! monsieur le comte, fit amèrement mademoiselle d’Arlange, vous êtes comme le juge, vous avez cru l’impossible. Vous êtes son père et vous l’avez soupçonné ! Vous ne le connaissez donc pas ! Vous l’abandonniez sans chercher à le défendre ! Ah ! je n’ai pas hésité, moi !

On croit aisément à la vraisemblance de ce qu’on désire de toute son âme. M. de Commarin ne devait pas être difficile à convaincre. Sans raisonnements, sans discussion, il ajouta foi aux assertions de Claire. Il partagea son assurance sans se demander si cela était sage et prudent.

Oui, il avait été accablé par la certitude du juge, il s’était dit que l’invraisemblance était vraie et il avait courbé le front. Un mot d’une jeune fille le ramenait. Albert innocent ! Cette pensée descendait sur son cœur comme une rosée céleste.

Claire lui apparaissait ainsi qu’une messagère de bonheur et d’espoir.

Depuis trois jours seulement, il avait mesuré la grandeur de son affection pour Albert. Il l’avait tendrement aimé, puisque jamais, malgré ses affreux soupçons sur sa paternité, il n’avait pu se résigner à l’éloigner de lui.

Depuis trois jours, le souvenir du crime imputé à ce malheureux, l’idée du châtiment qui l’attendait, le tuaient. Et il était innocent !

Plus de honte, plus de procès scandaleux, plus de