Page:Gaboriau - Le Crime d’Orcival, 1867.djvu/217

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quiéta, on alla aux renseignements ; l’hôtesse fut adroitement questionnée, et bientôt on sut que ce monsieur qui allait attendre à la gare des dames si excentriques, était un intime ami du propriétaire du Valfeuillu.

Ni Hector ni Fancy ne se doutaient alors qu’ils étaient le sujet de toutes les conversations.

Ils déjeunaient gaîment dans la plus belle chambre de la Belle-Image, qui est une pièce immense, à deux lits, avec une seule fenêtre donnant sur la place, décorée de tableaux bien vernis et bien encadrés, représentant des messieurs à cheval.

Trémorel avait imaginé pour expliquer sa résurrection un petit roman assez probable, où il jouait un rôle héroïque très-propre à redoubler l’admiration de sa maîtresse.

Puis, à son tour, miss Fancy déroulait ses plans d’avenir qui étaient, il faut lui rendre cette justice, des plus raisonnables.

Résolue à rester, quand même et plus que jamais, fidèle à son Hector ruiné, elle allait donner congé de son appartement de 6,000 francs, vendre son mobilier et entreprendre un commerce honnête.

Justement, elle avait retrouvé une de ses anciennes amies, très-habile ouvrière en modes et qui ne demandait pas mieux que de s’associer avec une camarade qui apporterait l’argent, pendant qu’elle apporterait son savoir-faire. Elles achèteraient un fonds de modiste dans le quartier Bréda, et entre leurs mains il ne pouvait manquer de prospérer et de donner de beaux bénéfices.

Jenny parlait d’un petit air entendu, épuisant son répertoire de termes techniques, et Hector riait. Ces projets de négoce lui semblaient du dernier comique, mais il était très-sensible à cette abnégation d’une femme jeune et jolie, consentant à travailler, à faire quelque chose, et cela pour lui plaire.

Malheureusement, il fallait se séparer.

Fancy était venue à Corbeil avec l’intention d’y passer une semaine ; mais le comte lui déclara que c’était abso-