Page:Gaboriau - Le Crime d’Orcival, 1867.djvu/229

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avait, après le dîner, entraîné Trémorel dans son cabinet.

— Accorde-moi, lui avait-il dit, un quart d’heure d’attention, et, surtout, ne me réponds pas à l’étourdie ; les propositions que je vais te faire méritent les plus sérieuses réflexions.

— Va ! je sais être sérieux quand il le faut.

— Commençons donc par la liquidation. Elle n’est pas terminée encore, mais elle est assez avancée pour qu’on puisse prédire les résultats. J’ai, dès aujourd’hui, la certitude qu’il te restera de trois à quatre cent mille francs.

Jamais, en ses rêves les plus optimistes, Hector n’avait osé espérer un tel succès.

— Mais je vais être riche, s’écria-t-il joyeusement.

— Riche, non, mais bien au-dessus du besoin. Et maintenant il est, je crois, un moyen de reconquérir la position que tu as perdue.

— Un moyen ! Lequel ? bon Dieu !

Sauvresy fut un moment à répondre, il cherchait les yeux de son ami pour se rendre bien compte de l’impression que sa proposition allait produire.

— Il faut te marier, dit-il enfin.

L’ouverture parut surprendre Trémorel, mais non désagréablement.

— Me marier ! répondit-il, le conseil est plus aisé à donner qu’à suivre.

— Pardon, tu devrais savoir que je ne parle jamais à la légère. Que dirais-tu d’une jeune fille appartenant à une famille honorable, jeune, jolie, bien élevée, si charmante qu’après ma femme je n’en connais pas de plus charmante, et qui t’apporterait un million de dot ?

— Ah ! mon ami, je dirais que je l’adore. Et tu connais cet ange ?

— Oui, et toi aussi, car l’ange est Mlle Laurence Courtois.

À ce nom, la figure radieuse d’Hector s’assombrit, et il eut un geste de découragement.