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Page:Gaboriau - Le Crime d’Orcival, 1867.djvu/31

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et il n’y a pas longtemps, ces traces de pas sont toutes fraîches.

Et, après un examen de quelques minutes, il ordonna de placer l’échelle plus loin.

Lorsqu’on fut arrivé près du bateau :

— C’est bien là, demanda le maire à La Ripaille, l’embarcation avec laquelle vous êtes allés relever vos nasses ce matin.

— Oui, monsieur.

— Alors, reprit M. Courtois, de quels ustensiles vous êtes-vous servis ? Votre épervier est parfaitement sec ; cette gaffe et ces rames n’ont pas été mouillées depuis plus de vingt-quatre heures.

Le trouble du père et du fils devenait de plus en plus manifeste.

— Persistez-vous dans vos dires, Bertaud, insista le maire.

— Certainement.

— Et vous Philippe ?

— Monsieur, balbutia le jeune homme, nous avons dit la vérité.

— Vraiment ! reprit M. Courtois d’un ton ironique ; alors vous expliquerez à qui de droit comment vous avez pu voir quelque chose d’un bateau sur lequel vous n’êtes pas montés. Ah ! dame ! on ne pense pas à tout. On vous prouvera aussi que le corps est placé de telle façon qu’il est impossible, vous m’entendez, absolument impossible de l’apercevoir du milieu de la rivière. Puis, vous aurez à dire encore quelles sont ces traces que je relève, là sur l’herbe, et qui vont de votre bateau à l’endroit où le fossé a été franchi à plusieurs reprises et par plusieurs personnes.

Les deux Bertaud baissaient la tête.

— Brigadier, ordonna monsieur le maire, au nom de la loi, arrêtez ces deux hommes et empêchez toute communication entre eux.

Philippe semblait près de se trouver mal. Pour le vieux