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Page:Gaboriau - Le Crime d’Orcival, 1867.djvu/312

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L’agent de la sûreté prit le bras du vieux juge de paix et le serra énergiquement.

— Rassurez-vous, monsieur, dit-il d’un ton froid, nous le retrouverons, ou je perdrai mon nom de Lecoq ; et, pour être franc, je dois vous avouer que la tâche ne me paraît pas bien difficile.

Trois ou quatre coups discrets frappés à la porte interrompirent M. Lecoq.

L’heure s’avançait, et depuis bien longtemps déjà, la maison était éveillée et remuante. Dix fois au moins, Mme Petit, dévorée d’inquiétude, malade et pleurant presque de curiosité déçue, était venue coller son oreille à la serrure. Vainement, hélas !

— Que peuvent-ils machiner là-dedans ? disait-elle à Louis, son tranquille commensal. Voici douze heures qu’il sont enfermés, sans boire ni manger ; cela a-t-il du bon sens ! Enfin, je vais toujours leur préparer à déjeuner.

Ce n’était pourtant pas Mme Petit, qui se risquait à frapper.

C’était Louis, le jardinier, qui venait rendre compte à son maître de dégâts tout à fait extraordinaires commis dans le jardin. Le gazon avait été abîmé, piétiné, saccagé.

Il apportait en même temps des objets singuliers, laissés par les malfaiteurs sur la pelouse, et qu’il avait ramassés. Ces objets M. Lecoq les reconnut du premier coup d’œil.

— Ciel ! s’écria-t-il, je m’oubliais. Je suis là que je cause tranquillement à visage découvert, comme si nous n’étions pas en plein jour, comme si quelque indiscret ne pouvait pas entrer d’un moment à l’autre !

Et s’adressant à Louis, fort surpris de retrouver là ce jeune homme brun qu’il n’y avait pas vu entrer la veille :

— Donne, mon garçon, lui dit-il, donne-moi ces accessoires de toilette qui m’appartiennent.

Puis, en un tour de main, pendant que le maître de