Page:Gaboriau - Le Crime d’Orcival, 1867.djvu/317

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— Ah ! je cherche.

Il cherchait en effet, sans en avoir l’air, il rôdait tout autour de la chambre, dérangeant les meubles, faisant à certains endroits sonner le carreau du talon de ses bottes, auscultant le mur par places.

Enfin, il revint à la cheminée, devant laquelle plusieurs fois déjà il s’était arrêté.

— Nous sommes au mois de juillet, disait-il, et cependant voici bien des cendres dans ce foyer.

— On ne les retire pas toujours à la fin de l’hiver, objecta le juge de paix.

— C’est vrai, monsieur, mais celles-ci ne vous semblent-elles pas bien propres et bien nettes ? Je ne leur vois pas cette légère couche de poussière et de suie qui devrait les recouvrir alors que depuis plusieurs mois on n’a pas allumé de feu.

Il se retourna vers la seconde pièce où il avait fait retirer les porteurs, une fois leur besogne terminée, et dit :

— Tâchez donc de me procurer une pioche.

Tous les hommes se précipitèrent ; il revint près du juge de paix.

— Certainement, murmurait-il, comme en aparté, ces cendres ont été remuées récemment, et si elles ont été remuées…

Il s’était baissé déjà, et, écartant les cendres, il avait mis à nu la pierre du foyer. Prenant alors un mince morceau de bois, il le promena facilement dans les jointures de la pierre.

— Voyez, monsieur le juge de paix, disait-il, pas un atome de ciment, et la pierre est mobile : le magot doit être là.

On lui apporta une pioche, il ne donna qu’un coup. La pierre du foyer bascula, laissant béant un trou assez profond.

— Ah ! s’écria-t-il d’un air de triomphe, je savais bien.

Ce trou était plein de rouleaux de pièces de vingt francs. On compta, il s’y trouvait 19,500 francs.