Page:Gaboriau - Le Crime d’Orcival, 1867.djvu/347

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Les portes de droite et de gauche sont condamnées, on le voit.

Après un examen qui dura plus d’une minute et des hésitations rappelant celles d’un lycéen à la porte de sa belle, le père Plantat se décida enfin à presser le bouton de cuivre de la sonnette.

Un grincement de verrous répondit à son appel. Le judas s’ouvrit et, à travers le grillage étroit, il distingua la figure moustachue d’une robuste virago.

— Vous demandez ? interrogea cette femme, d’une belle voix de basse.

— M. Lecoq.

— Que lui voulez-vous ?

— Il m’a donné rendez-vous pour ce matin.

— Votre nom, votre profession ?

— M. Plantat, juge de paix à Orcival.

— C’est bien, attendez.

Le judas se referma et le vieux juge attendit.

— Peste ! grommelait-il, n’entre pas qui veut à ce qu’il paraît chez ce digne M. Lecoq.

À peine achevait-il de formuler cette réflexion que la porte s’ouvrit, non sans un certain fracas de chaînes, de targettes et de serrures.

Il entra, et la virago, après lui avoir fait traverser une salle à manger n’ayant pour tout meubles qu’une table et six chaises, l’introduisit dans une vaste pièce, haute de plafond, moitié cabinet de toilette, moitié cabinet de travail, éclairée par deux fenêtres prenant jour sur la cour, garnies de forts barreaux très-rapprochés.

— Si monsieur veut prendre la peine de s’asseoir, fit la domestique, monsieur ne tardera pas à venir ; il donne des instructions à un de ses hommes.

Mais le vieux juge de paix ne prit pas de siége ; il aimait bien mieux examiner le curieux endroit où il se trouvait.

Tout un côté du mur était occupé par un portemanteau où pendaient les plus étranges et les plus disparates défroques. Là étaient accrochés des costumes appartenant