Page:Gaboriau - Le Crime d’Orcival, 1867.djvu/81

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un instrument contondant que je suppose être un marteau. J’ai étudié ces blessures, moi qui ne suis pas médecin, et elles m’ont paru suspectes.

— Et à moi aussi, dit vivement le père Plantat, il m’a semblé qu’il n’y avait pas eu, aux endroits atteints, effusion de sang dans les vaisseaux cutanés.

— La nature de ces blessures, continua M. Lecoq, sera un indice précieux qui me fixera complètement.

Et comme il avait sur le cœur la brusquerie du juge d’instruction, il ajouta, innocente vengeance :

— C’est vous, monsieur le docteur, qui tenez l’allumette.

M. Gendron se disposait à sortir, lorsque sur le seuil apparut le domestique de monsieur le maire d’Orcival, Baptiste, l’homme qu’on ne gronde pas.

Il salua longuement et dit :

— Je viens chercher monsieur.

— Moi ! demanda M. Courtois, pourquoi ? Qu’y a-t-il ? Ne saurait-on me laisser une minute en repos ! Vous répondrez que je suis occupé.

— C’est que, reprit le placide Baptiste, c’est rapport à madame que nous avons cru devoir déranger monsieur. Elle n’est pas bien du tout, madame !

L’excellent maire pâlit légèrement.

— Ma femme ! s’écria-t-il sérieusement inquiet, que veux-tu dire ? explique-toi donc.

— Eh bien, voilà, continua Baptiste, de l’air le plus tranquille du monde. Le facteur arrive tout à l’heure, avec le courrier. Bon ! Je porte les lettres à madame qui était dans le petit salon. À peine avais-je tourné les talons, que j’entends un grand cri, et comme le bruit d’une personne qui tombe à terre de son haut.

Baptiste s’exprimait lentement, mettant, on le sentait, un art infini à augmenter les angoisses de son maître.

— Mais parle donc ! disait le maire exaspéré, parle, va donc !

— Naturellement, poursuivit le drôle sans se hâter, je rouvre la porte du petit salon. Qu’est-ce que je vois ?