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Enfin elle arriva devant une porte au-dessus de laquelle était le numéro indiqué : 317.

Elle s’arrêta, appuyant ses deux mains sur sa poitrine, comme pour comprimer les palpitations de son cœur qui battait à se briser.

Au moment d’entrer, au moment de risquer cette démarche décisive, une frayeur immense l’envahissait au point de paralyser ses mouvements.

La vue d’un locataire de l’hôtel qui traversait le corridor mit fin à ses hésitations.

D’une main tremblante, elle frappa trois coups bien légers.

— Entrez, dit une voix.

Elle entra.

Mais ce n’était pas le marquis de Clameran qui était au milieu de cette chambre, c’était un tout jeune homme, presque un enfant, qui la regardait d’un air singulier.

La première impression de Mme  Fauvel fut qu’elle se trompait.

— Je vous demande pardon, monsieur, balbutia-t-elle, plus rouge qu’une pivoine, je croyais entrer chez M. le marquis de Clameran.

— Vous êtes chez lui, madame, répondit le jeune homme.

Et voyant qu’elle ne disait mot, qu’elle semblait se demander comment se retirer, comment s’enfuir, il ajouta :

— C’est, je crois, à Mme  Fauvel que j’ai l’honneur de parler ?

De la tête, elle fit un signe affirmatif : oui. Elle frémissait d’entendre son nom ainsi prononcé, elle était épouvantée par cette certitude qu’on la connaissait, que Clameran avait déjà livré son secret.

C’est avec une anxiété visible qu’elle attendait une explication.

— Rassurez-vous, madame, reprit le jeune homme, vous êtes en sûreté ici autant que dans le salon de votre hôtel. M. de Clameran m’a chargé pour vous de ses excuses ; vous ne le verrez pas.