Aller au contenu

Page:Gaboriau - Le Dossier n°113, 1867.djvu/100

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Ah ! dit-il, monsieur vient pour l’affaire de M. Bertomy.

— Précisément.

M. Patrigent resta debout près du lit du malade, pendant que Sigault le greffier s’établissait avec ses papiers sur une petite table.

Lorsque le garçon de bureau eut répondu à toutes les questions d’usage, déclaré qu’il se nommait Antonin Poche, âgé de quarante ans, né à Cadaujac (Gironde), célibataire.

— Voyons, mon ami, fit le juge, vous sentez-vous bien en état de me répondre ?

— Parfaitement, monsieur.

— C’est vous qui êtes allé, le 27 février, chercher à la Banque les 350,000 francs qui ont été volés ?

— Oui, monsieur.

— À quelle heure êtes-vous rentré ?

— Assez tard ; j’avais eu affaire au Crédit mobilier en sortant de la Banque ; il devait bien être cinq heures lorsque je suis revenu à la maison.

— Vous rappelez-vous ce qu’a fait M. Bertomy quand vous lui avez eu remis la somme ? Ne vous pressez pas de répondre, rassemblez bien vos souvenirs.

— Attendez… d’abord il a compté les billets et il en a fait quatre paquets qu’il a serrés dans la caisse, et ensuite… il a fermé la caisse, et après… il me semble bien… mais oui, je ne me trompe pas, oui ! il est sorti.

Il prononça ces derniers mots si vivement, qu’oubliant son genou il fit un mouvement qui lui arracha un cri.

— Vous êtes bien sûr de ce que vous dites là ? demanda le juge d’instruction.

Le ton solennel de M. Patrigent parut épouvanter Antonin.

— Sûr !… répondit-il avec une hésitation marquée, vous comprenez… je parierais ma tête à couper, mais je n’en suis pas sûr autrement.

Il fut impossible de l’amener à préciser sa déposition.