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Page:Gaboriau - Le Dossier n°113, 1867.djvu/116

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— Pauvre garçon ! fit-il. Sache donc que le jour où tu as été mandé avec le commissaire de police pour constater le vol, tu as, — je ne dis pas certainement, — mais très-probablement, tenu entre tes deux grandes mains bêtes le moyen de savoir laquelle des clés, du banquier ou du caissier, avait servi à commettre le vol.

— Par exemple !…

— Tu veux des preuves ? soit. Te souviens-tu de cette éraillure que tu as relevée le long du coffre-fort ? Elle t’a frappé, car tu n’as pu retenir une exclamation en l’apercevant. Tu l’as examinée soigneusement, à la loupe ; et tu as pu te convaincre qu’elle était toute fraîche encore, toute récente. Tu t’es dit, alors, et avec raison, que cette éraillure datait de l’instant du vol. Or, avec quoi avait-elle été faite ? Avec une clé, évidemment. Cela étant, il fallait demander les clés du banquier et du caissier, et les étudier attentivement. L’une des deux devait avoir gardé à son extrémité quelques atômes au moins de cette peinture verte dont on enduit le fer des coffres-forts.

C’est bouche béante que Fanferlot avait écouté cette explication. Sur les derniers mots, il se frappa violemment le front, en s’écriant :

— Imbécile !

— Tu l’as dit, reprit M. Lecoq, imbécile ! Quoi ! cet indice te saute aux yeux et tu le négliges, et tu n’en tires aucune conclusion ! Là, cependant, est le vrai, le seul point de départ de l’affaire. Si je trouve le coupable, ce sera grâce à cette éraillure, et je le trouverai, je le veux !

De loin, Fanferlot, dit l’Écureuil, médit volontiers de M. Lecoq et le brave courageusement ; mais de près il subit invinciblement l’influence qu’exerce sur tous ceux qui l’approchent cet homme extraordinaire.

Les renseignements si précis, les minutieux détails qui venaient de lui être donnés renversaient toutes ses idées. Où et comment M. Lecoq les avait-il eus ?

— Vous vous êtes donc occupé de cette affaire, patron ? demanda-t-il.