Page:Gaboriau - Le Dossier n°113, 1867.djvu/122

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doigt, était-il confondu de l’entendre donner des conseils, lui, qui jamais ne donne que des ordres.

Même, il était si fort intrigué, qu’en dépit des préoccupations supérieures, il ne put s’empêcher de témoigner sa surprise.

— Il faut, patron, hasarda-t-il, que vous ayez à cette affaire un rude intérêt personnel, pour l’avoir étudiée ainsi.

M. Lecoq eut un tressaillement nerveux qui échappa à son agent, puis, ses sourcils se froncèrent, et c’est d’un ton dur qu’il répondit :

— C’est ton état d’être curieux, maître l’Écureuil ; cependant il ne faudrait pas l’être trop, tu m’entends ?

Fanferlot chercha à s’excuser.

— Bien ! bien ! interrompit M. Lecoq. Si je te donne un coup de main, c’est parce que cela me convient. Il me plaît d’être la tête, pendant que tu seras le bras. Seul, avec tes idées préconçues, tu n’aurais jamais trouvé le coupable ; à nous deux nous le trouverons, ou je ne suis plus M. Lecoq.

— Nous réussirons, puisque vous vous en mêlez.

— Oui, je m’en mêle, et depuis quatre jours, j’ai appris bien des choses. Seulement, retiens bien ceci : J’ai des raisons pour ne point paraître en cette affaire. Quoi qu’il arrive, je te défends de prononcer mon nom. Si nous réussissons, il faut qu’on ne puisse attribuer le succès qu’à toi seul. Et surtout ne cherche jamais à en savoir plus long, contente-toi des explications qu’il me plaira de te donner.

Ces conditions ne semblèrent nullement fâcher l’agent de la sûreté.

— Je serai discret, patron, prononça-t-il.

— J’y compte, mon garçon. Pour commencer, tu vas prendre cette photographie du coffre-fort et te rendre près du juge d’instruction. M. Patrigent, je le sais, est aussi perplexe que possible au sujet du prévenu. Tu lui expliqueras, comme venant de toi, ce que je viens de te faire voir, tu lui répéteras mes démonstrations, et ces in-