Page:Gaboriau - Le Dossier n°113, 1867.djvu/159

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tel de ville très-beau, fontaines abondantes, grand commerce de charbons, filatures de soie, maison de santé très-renommée, etc.

Prosper était comme sur des charbons ardents.

— De grâce, monsieur, commença-t-il.

— On y connaît, poursuivait M. Verduret, un arc de triomphe romain qui n’a pas son pareil et un mausolée grec, mais pas le moindre Lagors. Saint-Remy est la patrie de Nostradamus mais non celle de votre ami.

— Cependant, monsieur, j’ai eu des preuves…

— Naturellement. Mais les preuves, voyez-vous, cela se fabrique ; les parentés, cela s’improvise. Vos dépositions sont suspectes, mes témoignages sont irrécusables. Pendant que vous vous désoliez en prison, je dressais mes batteries et je récoltais des munitions pour ouvrir le feu. J’ai écrit à Saint-Remy et j’ai des réponses.

— Ne me les communiquerez-vous pas, monsieur ?

— Un peu de patience, dit M. Verduret en feuilletant son calepin. Ah ! voici la première, le numéro 1. Saluez le style, c’est officiel.

Il lut :

« LAGORS. — Très-ancienne famille, originaire de Maillane, fixée à Saint-Remy depuis un siècle… »

— Vous voyez bien ! s’écria Prosper.

— Si vous me laissiez finir, hein ? dit M. Verduret.

Et il poursuivit :

« Le dernier des Lagors (Jules-René-Henri), portant, sans droits bien constatés, le titre de comte, épousa, en 1829, la demoiselle Rosalie-Clarisse Fontanet, de Tarascon ; est décédé en décembre 1848, sans héritier mâle, laissant seulement deux filles. Les registres de l’état civil consultés ne font mention d’aucune personne, dans l’arrondissement, portant le nom de Lagors. »

— Eh bien ! demanda le gros homme, que dites-vous du renseignement ?

— Prosper était abasourdi.

— Comment alors M. Fauvel traite-t-il Raoul comme son neveu ?