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— Nous les tenons peut-être ! s’écria-t-il.

Et jetant sur la table une pièce de cinq francs, sans adresser un mot à Cavaillon, il entraîna Prosper, stupéfait.

— Quelle fatalité, disait-il, tout en courant le long du trottoir, nous allons peut-être les manquer. À coup sûr, nous arriverons à la gare Saint-Lazare trop tard pour le train de Saint-Germain.

— Mais de quoi s’agit-il, au nom du ciel ? demandait Prosper.

— Venez, venez, nous causerons en route.

Arrivé à la place du Palais-Royal, M. Verduret s’arrêta devant un des fiacres de la station, dont il avait, d’un regard, évalué les chevaux.

Combien veux-tu pour me conduire au Vésinet ? demanda-t-il au cocher.

— C’est que je ne connais pas bien le chemin, par là-bas…

Mais ce nom du Vésinet disait tout à Prosper.

— Je vous indiquerai la route, fit-il vivement.

— Alors, reprit le cocher, à cette heure, par le temps de chien qu’il fait, ce sera… vingt-cinq francs.

— Et pour aller vite, combien demandes-tu de plus ?

— Dame ! bourgeois, ce sera à votre générosité ; mais si vous mettiez trente-cinq francs, je crois…

— Tu en auras cent, interrompit M. Verduret, si tu rattrapes une voiture qui a sur nous une demi-heure d’avance.

— Tonnerre de Brest ! s’écria le cocher transporté, montez donc, vous me faites perdre une minute.

Et, enveloppant ses maigres rosses d’un triple coup de fouet, il lança sa voiture au grand galop dans la rue de Valois.