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Page:Gaboriau - Le Dossier n°113, 1867.djvu/176

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arrivés à cette conviction qu’elle se sacrifie ? La volonté supérieure qui lui a imposé votre bannissement peut fort bien l’avoir obligée à cette démarche de ce soir.

Toujours la voix qui parlera dans le sens de nos plus chers désirs sera écoutée. Cette supposition, si peu probable en apparence, frappa Prosper.

— En effet, murmura-t-il, qui sait !…

— Je saurais bien, moi, fit M. Verduret, si je pouvais voir.

Prosper resta un moment sans répondre.

— Me promettez-vous, monsieur, prononça-t-il enfin, de me dire votre pensée entière, la vérité, si pénible qu’elle puisse être pour moi ?

— Je vous le jure sur ma parole d’honneur.

Aussitôt, avec une force dont il ne se serait pas cru capable quelques instants avant, Prosper enleva l’échelle et en plaça le dernier échelon sur ses épaules, ainsi que son compagnon l’avait fait.

— Montez ! dit-il alors.

En une seconde, si légèrement, si adroitement qu’il n’imprima pas à l’échelle une seule secousse, M. Verduret fut à la hauteur de la fenêtre.

Prosper n’avait que trop bien vu. C’était Madeleine qui était là, à cette heure, seule chez Raoul de Lagors.

Elle avait conservé, M. Verduret le remarqua fort bien, ses vêtements du dehors, son chapeau et son par-dessus de drap.

Debout au milieu de la chambre, elle parlait avec une grande animation. Son attitude, ses gestes, sa physionomie, trahissaient une vive indignation difficilement contenue, et un certain mépris mal déguisé.

Raoul, lui, était assis sur une chaise basse, près de la cheminée, tisonnant le feu avec les pincettes. Par moments, il levait les bras en haussant les épaules, ce qui est le mouvement d’un homme résigné à tout entendre, et qui, à tout, répond : « Je n’y puis rien. »

Certes, M. Verduret aurait donné la jolie bague qu’il porte à son maître doigt pour entendre quelque chose,