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que le duc de Brunswick, on doit dormir sur les deux oreilles.

On ne court, ce semble, qu’un danger, celui d’oublier le mot qui est le « Sésame ouvre-toi » de la porte de fer…

Cependant, le 28 février au matin, les employés de la maison Fauvel arrivèrent à leurs bureaux comme d’ordinaire.

À neuf heures et demie, chacun était à sa besogne, lorsqu’un homme d’un certain âge, très-brun, à tournure militaire, en grand deuil, se présenta dans le bureau qui précède la caisse, et où travaillent cinq ou six employés.

Il demandait à parler au caissier principal.

Il lui fut répondu que le caissier n’était pas encore arrivé, et que d’ailleurs la caisse n’ouvre qu’à dix heures, ainsi que l’annonce un grand écriteau placé dans le vestibule.

Cette réponse parut déconcerter et contrarier au dernier point le nouveau venu.

— Je pensais, dit-il d’un ton sec frisant l’impertinence, que je trouverais quelqu’un à qui m’adresser, m’étant entendu hier avec M. Fauvel. Je suis le comte Louis de Clameran, maître de forges à Oloron ; je viens retirer 300,000 francs confiés à la maison par mon frère, dont je suis l’héritier. Il est surprenant qu’on n’ait pas donné d’ordres…

Ni le titre du noble maître de forges, ni ses raisons ne parurent toucher les employés.

— Le caissier n’est pas arrivé, répétèrent-ils, nous ne pouvons rien.

— Alors, conduisez-moi près de M. Fauvel.

Il y eut une certaine hésitation, mais un jeune employé nommé Cavaillon, qui travaillait près de la fenêtre, prit la parole.

— Le patron est toujours sorti à cette heure, répondit-il.

— Je repasserai donc, fit M. de Clameran.