Page:Gaboriau - Le Dossier n°113, 1867.djvu/192

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et qu’ils seraient mis en croix, comme c’est la mode à Pékin, et cette pensée la gênait. Mais l’autre parla d’une voix si tendre, que, ma foi ! vous comprenez… le bouton de jaspe fut enlevé. Le quatrième tableau vous représente les deux coupables descendant à pas de loup l’escalier dérobé ; voyez leurs transes, voyez…

Il s’interrompit. Trois ou quatre de ses auditeurs avaient vu que Mme  Fauvel était près de se trouver mal, et ils s’empressaient pour lui porter secours.

D’ailleurs on lui serrait énergiquement le bras.

Il se retourna vivement et se trouva en face de M. de Clameran et de Raoul de Lagors, aussi pâles, aussi menaçants l’un que l’autre.

— Vous désirez, messieurs ?… demanda-t-il de son air le plus gracieux.

— Vous parler, répondirent-ils ensemble.

— À vos ordres.

Et il les suivit de l’autre côté de la galerie, dans l’embrasure d’une porte-fenêtre donnant sur un balcon.

Là, nul ne devait songer à les observer, et personne ne les observait, en effet, sauf ce personnage à manteau vénitien que le paillasse avait salué si bas en l’appelant : « Monsieur le comte. »

D’ailleurs le menuet venait de finir, les orchestres prenaient une demi-heure de repos, la foule affluait dans la galerie, devenue en un moment trop étroite.

Même le soudain malaise de Mme  Fauvel avait passé absolument inaperçu ; ceux qui l’avaient remarqué, le voyant aussitôt dissipé, l’avaient mis sur le compte de la chaleur. M. Fauvel avait bien été prévenu ; il était accouru, mais ayant trouvé sa femme causant tranquillement avec Madeleine, il était allé reprendre sa partie.

Moins maître de soi que Raoul, M. de Clameran avait pris la parole.

— Tout d’abord, monsieur, commença-t-il d’un ton rude, j’aime à savoir à qui je m’adresse.

Mais le paillasse s’était bien promis de s’obstiner à