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Page:Gaboriau - Le Dossier n°113, 1867.djvu/205

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Tu as bien tort de me reprocher de ne pas penser à toi, car, à cette heure, c’est ton nom aimé qui garde la caisse de mon patron. »

Prosper eut un geste fou : la vérité, comme un obus, éclatait dans son cerveau.

— Oui ! s’écria-t-il, oui, je me souviens.

— Alors, vous comprenez le reste. Un des deux est allé trouver Mme Fauvel et l’a contraint de lui remettre la clé de son mari. À tout hasard, le misérable a placé les boulons mobiles sur le nom de Gypsy. Les trois cent cinquante mille francs ont été pris. Et sachez bien que Mme Fauvel n’a obéi qu’à des menaces terribles. Elle était mourante, le lendemain du vol, la pauvre femme, et c’est elle qui, au risque de se perdre, vous a envoyé dix mille francs.

— Mais qui a volé ? Est-ce Raoul ? est-ce Clameran ? Quels sont sur Mme Fauvel leurs moyens d’action ? Comment Madeleine est-elle mêlée à ces infamies ?

— À ces questions, mon cher Prosper, je ne sais encore que répondre, et c’est pour cela que nous n’allons pas encore trouver le juge. Je vous demande dix jours. Si dans dix jours je n’ai rien surpris, je reviendrai, et nous irons conter à M. Patrigent ce que nous savons.

— Comment, vous partez donc ?

— Dans une heure, je serai sur la route de Beaucaire. N’est-ce pas des environs que sont Clameran et Mme Fauvel, qui est une demoiselle de La Verberie.

— Oui, je connais leurs familles.

— Eh bien ! c’est là que je vais les étudier. Ni Raoul ni Clameran ne nous échapperont, la police les surveille. Mais vous, Prosper, mon ami, soyez prudent. Jurez-moi de rester prisonnier ici tant que durera mon absence.

Tout ce que demandait M. Verduret, Prosper le jura du meilleur cœur. Mais il ne pouvait le laisser s’éloigner ainsi.

— Ne saurai-je donc pas, monsieur, demanda-t-il,