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Page:Gaboriau - Le Dossier n°113, 1867.djvu/251

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— Malheureuse ! s’écriait, avec une énergie furieuse, la comtesse plus rouge qu’une pivoine, c’est donc ainsi que vous respectez les nobles traditions de notre maison. Jamais on n’avait eu besoin encore de surveiller les La Verberie, elles savaient, seules, garder leur honneur. Il vous appartenait d’abuser de votre liberté pour descendre au rang de ces dévergondées qui sont la honte de leur sexe.

Cette scène affreuse, Valentine l’avait prévue, elle l’avait attendue avec un horrible serrement de cœur. Elle la subissait comme l’expiation juste, méritée, de coupables amours. S’avouant que l’indignation de sa mère était légitime, elle courbait la tête, comme l’accusé repentant devant ses juges.

Mais ce silence était précisément ce qui pouvait le plus exaspérer la comtesse.

— Me répondrez-vous ? reprit-elle avec un geste menaçant.

— Que puis-je vous répondre, ma mère ?…

— Vous pouvez me dire, malheureuse, que ceux-là en ont menti qui prétendent qu’une La Verberie a failli. Allons, défendez-vous, parlez.

Sans répondre, Valentine hocha tristement la tête.

— C’est donc vrai ! s’écria la comtesse hors d’elle-même, c’est donc vrai !

— Pardon !… ma mère, balbutia la jeune fille, pardon !

— Comment ! pardon !… On ne m’a donc pas trompée. Pardon !… c’est-à-dire que vous avouez, impudente ! Jour de Dieu ! quel sang coule donc dans vos veines ? Vous ignorez donc qu’il est de ces fautes qu’on nie, même quand l’évidence éclate ! Et vous êtes ma fille ! Vous ne sentez donc pas qu’il est de ces aveux ignominieux que nulle puissance humaine ne doit pouvoir arracher à une femme ! Mais non, elle a des amants et elle l’avoue sans rougir. Faites-vous-en gloire, ce sera plus nouveau !

— Ah ! vous êtes sans pitié, ma mère !

— Avez-vous donc eu pitié de moi, ma fille ! Avez-