vait ni les hontes de cette transaction, ni l’infamie de sa conduite.
— Six mille francs de pension ! se disait-elle. Ce jeune géomètre est un honnête homme ! et mille écus du domaine, c’est en tout neuf mille livres de rentes. Ce garçon habitera Paris avec ma fille, je les irai voir, ces chers enfants, sans trop de frais.
Jour de Dieu !… à ce prix elle eût donné non une fille, mais trois, si elle les eût eues.
Mais voilà que tout à coup une idée lui vint qui la glaça :
— Valentine consentira-t-elle ?
Si poignante fut son anxiété que, pour en avoir le cœur net, à l’instant, elle monta dans la chambre de sa fille, qu’elle trouva lisant à la lueur d’une mince chandelle.
— Ma fille, lui dit-elle brusquement, un jeune homme, qui me convient, m’a demandé ta main et je la lui ai accordée.
À cette déclaration inattendue, stupéfiante, Valentine se dressa.
— Ce n’est pas possible, balbutia-t-elle.
— Pourquoi, s’il te plaît ?
— Avez-vous donc dit qui je suis, ma mère, avez-vous avoué…
— Les folies passées ? Dieu m’en préserve ! Et tu seras, je l’espère, assez raisonnable pour imiter mon silence.
Si annihilée que fût la volonté de Valentine par l’écrasant despotisme de sa mère, son honnêteté se révolta.
— Vous voulez m’éprouver, ma mère, s’écria-t-elle, épouser un homme sans lui tout avouer serait la plus lâche et la plus infâme des trahisons…
La comtesse avait une terrible envie de se fâcher. Mais elle comprit que cette fois ses menaces se briseraient contre une résistance encouragée par la conscience. Au lieu d’ordonner, elle pria.
— Pauvre enfant, disait-elle, pauvre chère Valentine, si tu connaissais l’horreur de notre situation, tu ne par-