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Page:Gaboriau - Le Dossier n°113, 1867.djvu/329

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Et, ne pouvant s’apercevoir de l’impression que produisaient ces simples paroles sur sa femme, devenue plus blanche que sa collerette, il ajouta :

— Ne t’inquiète pas, va, mon garçon, quand tu auras besoin d’argent, viens me trouver, je t’en prêterai.

Que pouvait objecter Mme Fauvel ? N’avait-elle pas annoncé, selon les volontés de Clameran, que Raoul était très-riche ?

Pourquoi l’avait-on contrainte de mentir inutilement ? Elle eut comme une rapide intuition du piége où elle était prise, mais il n’était plus temps d’y revenir.

D’ailleurs, les paroles du banquier n’étaient pas tombées dans l’eau. À la fin de cette semaine, Raoul alla trouver son oncle dans son cabinet, et carrément il lui emprunta 10,000 francs.

Informée de cette incroyable audace, Mme Fauvel se tordait les mains de désespoir.

— Mais que fait-il, mon Dieu ! de tant d’argent, s’écriait-elle.

Depuis assez longtemps, on ne voyait plus guère Clameran à l’hôtel du banquier ; Mme Fauvel se décida à lui écrire pour lui demander une entrevue.

Elle espérait que cet homme énergique, ayant un sentiment si vif de son devoir de tuteur, ferait tout au monde pour retenir Raoul et y réussirait.

Quand il apprit ce qui se passait, ce qu’il ignorait absolument, déclara-t-il, le marquis parut bien autrement inquiet, bien plus irrité surtout que Mme Fauvel.

Il y eut entre Raoul et lui une scène de la dernière violence.

Mais les défiances de Mme Fauvel étaient éveillées, elle observa, et il lui sembla — était-ce possible ! — que leur colère était simulée, et que, pendant qu’ils échangeaient les paroles les plus amères et même des menaces, leurs yeux riaient.

Elle n’osa rien dire, mais ce doute, pénétrant dans son esprit comme une goutte de ces poisons subtils qui désor-