Aller au contenu

Page:Gaboriau - Le Dossier n°113, 1867.djvu/367

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il savait bien que Raoul, si c’était lui toutefois, devait rôder autour de la maison, et guetter sa sortie.

Ses prévisions ne le trompaient pas.

Il avait à peine fait cent pas sur la route, qu’un homme sortit brusquement d’un taillis et vint se planter devant lui.

La nuit était fort claire, Louis reconnut Raoul.

— Qu’y a-t-il ? demanda-t-il aussitôt, incapable de maîtriser son impatience, qu’est-il arrivé ?

— Rien.

— Quoi ! la position là-bas n’est pas menacée ?

— En aucune façon. Je dirai plus, sans tes ambitions démesurées, tout irait au mieux.

Louis eut une exclamation, il faudrait presque dire un rugissement de fureur.

— Alors, s’écria-t-il, que viens-tu faire ici ? Qui t’a permis d’abandonner ton poste, au risque de nous perdre ?

— Ça, fit Raoul le plus tranquillement du monde, c’est mon affaire.

D’un geste brusque, Louis saisit les poignets du jeune homme, et les serrant à le faire crier :

— Tu vas t’expliquer, lui dit-il, de cette voix rauque et brève que donne l’imminence du danger, tu vas me dire les raisons de ton étrange caprice.

Sans effort apparent, avec une vigueur dont jamais on ne l’eût soupçonné capable, Raoul se dégagea de l’étreinte de Louis.

— Plus doucement, hein ! prononça-t-il du ton le plus provoquant, je n’aime pas à être brusqué, et j’ai de quoi te répondre.

En même temps, il sortait à demi de sa poche et montrait un revolver.

— Tu vas te justifier, insista Louis, sinon !…

— Sinon, quoi ? Renonce donc, une fois pour toutes, à l’espoir de me faire peur. Je veux bien te répondre, mais pas ici, au milieu de ce grand chemin, et par ce clair de lune ; sais-tu si on ne nous observe pas ? Allons, viens…

Ils franchirent le fossé qui borde la route, et s’éloignè-