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Page:Gaboriau - Le Dossier n°113, 1867.djvu/409

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— Que font-ils ? disait parfois Mme Fauvel ; renonceraient-ils enfin à nous persécuter ?

— Oui, murmurait Madeleine, que font-ils ?

Si Louis ni Raoul ne donnaient signe de vie ; c’est qu’ils se tenaient immobiles comme le chasseur à l’affût, qui craint d’éveiller les défiances de ses victimes. Ils guettaient le hasard.

Attaché aux pas de Prosper, Raoul avait épuisé toutes les ressources de son esprit pour le compromettre, pour l’attirer dans quelque embûche où resterait son honneur. Mais, ainsi qu’il l’avait prévu, l’indifférence du caissier offrait peu de prise.

Clameran commençait à s’impatienter et cherchait déjà quelque moyen plus expéditif, quand une nuit, sur les trois heures, il fut éveillé par Raoul.

Il comprit qu’une circonstance d’une gravité exceptionnelle pouvait seule amener son neveu chez lui à pareille heure.

— Qu’y a-t-il ? demanda-t-il tout inquiet.

— Peut-être rien, peut-être tout. Je quitte Prosper à l’instant.

— Eh bien !

— Je l’avais emmené dîner, ainsi que Mme Gypsy, avec trois de mes amis. Après dîner, j’ai organisé un petit bac tournant assez corsé, mais impossible de lancer Prosper, bien qu’il fût gris.

Louis désappointé eut un mouvement de dépit.

— Tu es gris toi-même, fit-il, puisque tu viens me réveiller au milieu de la nuit pour me conter de pareilles billevesées.

— Attends, il y a autre chose.

— Morbleu ! parle, alors !

— Après avoir bien joué, nous sommes allés souper, et Prosper, de plus en plus ivre, a laissé échapper le mot sur lequel il ferme sa caisse.

À cette assurance, Clameran ne put retenir un cri de triomphe.

— Quel est ce mot ? demanda-t-il.